Femme "victime" du pervers narcissique. | Dominic Anton Psychothérapeute, couple,famille, individuel.

Femme « victime » du pervers narcissique.

Qui suis je ?

La femme du pervers narcissique ne proteste pas face aux violences qui lui sont faites, elle banalise, elles doute d’elle même, de sa  perception des faits. Elles trouvent toujours des excuses aux comportement du pervers, voire même elles expriment devoir y être pour quelque chose. Le message donné par le pervers est de toujours justifier ses actes par la faute de celle qui subit la violence. Le pervers n’est responsable de rien, ce qu’il fait il le fait « à cause » de l’autre.

Sur le plan social, l’image du couple est apprécié, vécu comme un « exemple », et rien ne laisse transpirer qu’une fois rentrés dans leur espace, l’un des deux va vivre, pour une raison banale, la colère de l’autre, et ce en présence des enfants. Seul le temps fissure cette image, et l’entourage prend doucement conscience de la réalité. Cependant le processus est lent, on fait semblant de ne pas savoir, et la femme elle-même n’est pas des plus convaincante quand elle en parle. Puis nait l’inquiétude des proches, et les mises en garde naissent alors. Mais elles ne s’inscrivent pas, la culpabilité est très imprégnée. Le mode de communication dans ces couples est totalement paradoxale, à savoir, que le pervers donne systématiquement deux messages qui s’annulent l’un, l’autre mais surtout avec l’impossibilité (ou l’interdiction) pour celui qui reçoit le message de dénoncer la forme, forme qui entraine la confusion.

Il apparait, au travers de patientes reçues en consultation, que l’élément qui détermine le plus souvent une réaction de la victime est en lien direct avec le regard extérieur, le fait que lui soit signifié qu’elle n’est pas dans une relation normale. Que quelqu’un d’autre voit ce qu’elle voit pour qu’elle même y croit.

L’une des « armes » du pervers est le langage, un envahissement par les mots de l’espace psychique. Il argumente sans cesse, est persuasif, il « fatigue » l’autre l’amenant à dépendre du discours entendu et non plus de sa propre pensée, ces mots qui entrainent l’incertitude de ses propres opinions, l’auto accusation, la disqualification de ses sentiments et de ses perceptions… Racamier (1987) qu’il « n’y a rien à attendre de la fréquentation des pervers narcissiques, on peut seulement espérer s’en sortir indemne »

Le double visage du pervers narcissique

Les femmes qui consultent dans ce cadre, sont toujours étonnées que l’on s’intéresse à elle, que l’on garde en mémoire leurs mots d’une séance à l’autre. Ce qui entraine un investissement du lien thérapeutique dés lors que s’inscrit la croyance en la solidité du lien avec le thérapeute. Derrière le mari pervers narcissique, se cache bien sûr un autre persécuteur. Figure du passé, auteur d’autres violences, source de traumatismes antérieurs. C’est quand il réapparaît, que peut commencer le véritable travail psychothérapique. À partir du moment où le persécuteur caché est débusqué, l’asservissement au persécuteur actuel tombe, car elle retourne vers son objet originaire. C’est souvent en interrogeant « les autres », famille, amis, que l’histoire est restituée, que la patiente peut accorder une réalité à ses souvenirs.

Une patiente exprimait de son mari, « il est fou de moi… », ce qui renvoie au besoin du pervers narcissique d’avoir son objet, et l’objet ne peut se passer de lui. Comment renoncer à être objet et sujet d’une telle passion ? comment être aimée alors que l’on se considère comme non aimable, ne méritant pas quelqu’un de bien ? Comment être aimée autrement qu’en étant dénigrée, critiquée, maltraitée ? La réponse est le plus souvent dans l’histoire d’origine, celle de l’enfance, la façon dont nos propres parents nous ont appris à être aimés.

La femme du pervers narcissique nourrit l’espoir de le guérir, elle ne voit que la souffrance de l’agresseur qui masque le regard sur la leur. C’est pourquoi il leur est si difficile de se séparer de ce conjoint, d’amorcer un départ, dont l’idée est sans cesse évoquée, et sans cesse révoquée. « Tout le monde me dit que je dois le quitter. » Mais cela ne suffit pas. Quitter, c’est renoncer à un idéal. Et cet idéal, elles y tiennent. « Joan Rivière (1936), dans son article sur la réaction thérapeutique négative, montre de manière remarquable les enjeux de cette séparation, à savoir la difficulté à quitter « son unique bien, son noyau d’amour enfoui » et de renoncer à sacrifier sa vie pour le soigner (p. 15) ».

Le pervers narcissique avance masqué

Le pervers quand il sent que sa compagne change, met en place toutes sortes de stratégies, qui font appel à l’infinie capacité de compassion de sa femme. La première est celle de se présenter lui-même comme victime : il tombe malade, il est au chômage, il est seul, personne ne le comprend, il est très malheureux, il parle de son enfance difficile, les traumas de ses premières années. Dés lors elles n’ont qu’une idée en tête, le rendre heureux, lui redonner espoir

Elles s’acharnent à réanimer cet objet qui les regarde d’un œil froid. En effet, en dehors de ses moments de crise violente, le pervers narcissique a une impressionnante capacité à « faire la gueule ». Pendant des jours, voire des semaines, il les ignore, ne leur adresse pas une parole, les traversant d’un regard qui les rend transparentes.

Trouver sa place, en explorant ses propres failles, sortir de la désignation du conjoint pour comprendre ses propres blessures sont des outils nécessaires pour créer sa propre altérité et remédier à ses propres dysfonctionnements. Accéder par un travail psychothérapique à ses ressources, comprendre les enjeux toujours antérieurs à la relation pathogène afin de trouver son équilibre et créer un nouvel espace de vie, restent des moyens dont chacun peut se saisir afin de ne plus souffrir.

 

 

Anzieu D. (1975), Le transfert paradoxal, NRP, no 12, Paris, Gallimard.

Racamier P.-C. (1987), De la perversion narcissique, Gruppo, no 3.

Rivière J. (1936), Contribution à l’analyse de la réaction thérapeutique négative, Revue du collège des psychanalystes.

Watzlawick P. (1967), Une logique de la communication, Paris, Le Seuil, « Points ».

Simone Korff-Sausse, 2003. Revue française de psychanalyse.

 

6 réponses à to “Femme « victime » du pervers narcissique.”

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